L'essence des mots
Le poète triste contemple sur sa feuille
Quelques flocons venu fondre, en larmes glacées,
Et diluer l’encre prise dans les écueils
De la douleur d’une douce muse lassée.
Ténébreuse obsession pour un Eden perdu,
Les maux enchainés par la plume de Lithium
Susurrent, silencieux, la folie défendue,
Noyée dans l’absinthe, le précieux opium.
Le sang, de l’encrier, découle en écrits vains,
Et l’inspiratrice aux pleurs gelés, attristée,
Guide encore une fois la main de l’écrivain,
Les mots se gravant sur sa peau persécutée.
La muse mourante perd toute son essence,
Et l’encre, le rouge, par la plume liés,
La mène plus proche de l’enfer du silence,
Mais elle laisse son vampire, résignée.
Le poète triste contemple sur sa feuille
Les quelques vers mauvais qu’il a pu y tracer.
Il froisse le papier, jette au feu le cercueil
Fait de mots enchainés par la muse glacée.
Emerald