Le Funambule

File, funambule, marchant dans les étoiles,
File l’espoir, la joie, la paix et la douceur,
Fixe au loin l’horizon, et surtout ne dévoile
Ni ton désespoir, ni ta peine ou ta douleur.

Sur le fil du rasoir et le fil de la vie,
File, funambule, des autres le bonheur
De te voir avancer d’apparence ravi,
Et la mascarade qui plus que tout t’écœure.

« Enfant, face à face, vois-tu au fond les larmes ?

Dans la monotonie de ces tours répétés,
Je file tous les jours les délices, les charmes,
Je file tous les jours dans la peur de chuter…

Nona ou Decima, je masque mon visage.
Tes yeux tournés vers moi trahissent la gaité
De me voir arriver, et cela sans dommages.
Mais je file toujours dans la peur de chuter.

Nona ou Decima, à chaque traversée,
Je laisse un peu de moi, et un peu de ma force.
Nona ou Decima, chaque fois angoissé
Qu’un jour Morta ne grave « Adieu » sur mon écorce. »

Tu les émerveilles de tant d’agilité,
Mais fuis, funambule, ce fil bien trop funeste !
« Nona ou Decima ne peut s’en écarter,
C’est pour eux que je joue sous la voute céleste »

Emerald